Site parodique
L’information parodique est un registre humoristique dont le support imite celui des médias d’information, mais qui diffuse un contenu décalé, sarcastique ou canularesque, parfois sans annoncer son intention parodique de manière ostentatoire. La confusion crée parfois des situations plus drôles que prévu lorsque le public se laisse prendre.
L’information parodique est sans doute aussi ancienne que les médias d’information, mais elle a acquis une nouvelle dimension récemment avec Internet, où il est relativement facile, avec peu de moyens (blog, mais aussi réseaux sociaux), d’imiter de manière crédible des sources existantes.
Meilleurs sites parodiques
Du fait de sa longévité et de la pérennité de son modèle économique, la référence de l’information parodique en ligne est le site The Onion, d’abord né sur papier en 1988 et adapté sur le web en 1996. Outre les articles en ligne qui lui ont donné sa popularité, The Onion produit des vidéo d’information d’aspect très professionnel.
On trouve des sites équivalents dans le monde entier : El manchar en Algérie, El Koshary Today en Égypte (2008), News That Matters Not en Inde (2009), The Pan-Arabia Enquirer au Moyen-Orient et Zaytung en Turquie (2010), Bopress au Maroc, etc. Certains portent sur des sujets très spécialisés tels que Hollywood Leek (cinéma) ou Sports pickle (sport).
En France, un des premiers sites spécialisés dans le domaine est sans doute L’Examineur, créé par Frédéric Royer, ancien membre de la rédaction d’Infos du monde et actif de décembre 1999 à novembre 2003.
En janvier 2005, des participants à l’image board 4chan ont créé l’Uncyclopedia, un pastiche de Wikipédia qui s’appuie sur le même logiciel de publication, MediaWiki et animé par la même philosophie « libriste » puisque ses articles sont publiés sous licence Creative Commons. Uncyclopedia existe à présent dans 79 langues. La version francophone, Désencyclopédie, a été créée par des blogueurs québécois en juin 2005.
À partir de 2012, la référence française dans le domaine est le site Le Gorafi, créé par Pablo Mira et Sébastien Liebus. à l’occasion de la campagne présidentielle et décliné, du fait de son succès, sous forme éditoriale et télévisuelle. Une de ses particularités est de répondre avec une grande réactivité à l’actualité du moment. Dans son sillage sont apparus de nombreux titres francophones comparables tels que Actubis.com, Nordpresse.be, la Dêche du Midi, Football France, Boulevard89, Mediaperte ou SecretNews.
Il est possible aussi de citer le groupe d’activistes et artistes RTMark (dont le nom est à la fois « registred trademark » et « art mark ») qui ont réalisé plusieurs canulars, notamment en ligne dès les débuts du World Wide Web, comme la création d’un faux-site de campagne de George Bush ou un autre qui permettait aux électeurs de vendre leurs votes aux plus offrant. RTMark est à l’origine du duo Yes Men (Jacques Servin et Igor Vamos), qui utilisent de nombreux médias, notamment Internet, pour monter des canulars sophistiqués et destinés à faire réfléchir à des sujets géopolitiques et géoéconomiques.
Une de leurs réussites les plus célèbres est d’être apparus sur BBC World, où Jacques Servin s’est fait passer pour un porte-parole officiel de la société Dow Chemicals, qui annonçait que la société responsable de la catastrophe de Bhopal s’apprêtait enfin à en dédommager les victimes. La véritable Dow Chemicals, dont l’action a aussitôt perdu plus de quatre pour cent, et dont la capitalisation a été réduite de deux milliards de dollars, a alors dû émettre un communiqué officiel affirmant qu’elle n’avait aucune intention d’assumer les dégâts causés par l’usine Union Carbide de Bophal. Certains ont reproché aux Yes Men d’avoir donné une fausse-joie aux victimes de Bophal, mais c’est la société Dow qui s’est attiré le plus de commentaires négatifs avec cette affaire.
Ce canular, comme d’autres visant Exxon, BP, Halliburton, etc., utilise le pastiche de médias divers : presse écrite, télévision en studio, et sites web permettant d’abuser les organisateurs de conférences ou les médias. Le pastiche de site web n’est alors pas le but, mais un outil pour y parvenir.
D’autres sites web ont, depuis, continué dans la lancée de leurs prédécesseurs et ciblent des thématiques précises en caricaturant des références du genre : sport (L’épique pour l’équipe), aéronautique (Radio cockpit), politique (Potinfaux pour France Info, ou Le Connard Enchaîné pour Le Canard Enchaîné), divertissement (Pire Médias pour Pure Médias d’OZAP, jeux vidéo… Chacun rencontre un certain écho auprès de leurs communautés.
Plus rarement, des comptes sociaux sont dédiés à l’information parodique, par exemple Agence France Presque parodiant avec brio AFP.